mercredi 16 juillet 2014

"En France, l'austérité reste un fantasme" (Aurélien Véron, @PartiLiberal Démocrate)

L'ensemble de l'interview : La Tribune 



INTERVIEW
Pour le président du PLD, "une différence majeure singularise la France : nous sommes quasiment le seul pays européen à avoir un régime présidentiel. L'Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Italie, l'Espagne ont des régimes parlementaires. La grande réforme institutionnelle à mener c'est une sixième république instituant un régime parlementaire mieux adapté à la culture de l'Europe et au fonctionnement de ses institutions."
Pour le président du PLD, "une différence majeure singularise la France : nous sommes quasiment le seul pays européen à avoir un régime présidentiel. L'Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Italie, l'Espagne ont des régimes parlementaires. La grande réforme institutionnelle à mener c'est une sixième république instituant un régime parlementaire mieux adapté à la culture de l'Europe et au fonctionnement de ses institutions."
Propos recueillis par Robert Jules  |  
Le Parti libéral démocrate (PLD), né en 2008, fait partie de ces "petites" formations qui peinent à percer en raison d'un système qui les pénalise mais qui jouent un rôle vital dans l'indispensable débat d'idées au sein de la société. Son président Aurélien Véron livre son analyse sur la situation de la France, ses points faibles comme ses points forts, et ses solutions pour sortir le pays de la crise.


Comment expliquez-vous les difficultés de l'économie française à renouer avec une croissance solide et durable ?
Le modèle français est en faillite. C'est l'aboutissement de 40 années d'échec. La politique de relance par l'État a prouvé son inefficacité avec ces décennies de déficits publics ininterrompus et un taux de chômage qui n'a cessé d'osciller entre 8% et 11%, un niveau bien trop élevé. La société en faillite morale cherche un bouc-émissaire : l'Europe, l'immigration, l'autre... Mais il n'y en a pas, le problème du modèle social se trouve dans sa structure même.
Vous êtes donc plutôt partisan d'une politique de l'offre ?
Oui, en sachant que nous ne consommons que ce que nous produisons. Si vous me demandiez mes souhaits, ma liste au Père Noël serait très longue, beaucoup plus longue que ce que les fruits de mon travail me permettent d'envisager. En soutenant la consommation par la dépense publique, la France n'a jamais libéré la croissance. Ce modèle repose sur un malentendu : il privilégie le consommateur non pas dans sa liberté de choix, mais en l'aidant à consommer davantage que ce qu'il produit vraiment. Le pays vit ainsi à crédit depuis 1974 au prix d'une dette gigantesque, et ce train de vie est devenu une addiction. La cure de désintoxication sera douloureuse.
Le président a pourtant décidé de mettre en place une politique de l'offre...
C'est une bonne chose que François Hollande ait retourné sa veste sur ce point. Mais nous sommes loin du compte. Pour lui, soutenir l'offre consiste à faire des cadeaux, des chèques aux entreprises après avoir augmenté les prélèvements jusqu'ici. Il prend des chèques d'une main puis en signe d'autres avec l'autre main, cela n'a pas de sens. Une véritable politique de l'offre, ce n'est pas distribuer de l'argent public mais simplifier le champ d'action des entreprises et des individus pour créer un environnement propice, comme l'ancienne majorité l'a fait avec le régime des auto-entrepreneurs.
Il y a un débat sur le bien-fondé de la politique d'austérité. Êtes-vous partisan du respect des engagements communautaires pris en matière de réduction des déficits publics ? Est-ce toujours une priorité ?
C'est mon souhait. Ce n'est pas le cas aujourd'hui. En 2013, le déficit public a atteint 4,2% du PIB, très loin de l'objectif des 3%. En France, l'austérité reste un fantasme. Nous avons eu droit aux hausses d'impôts, pas à la fin des déficits. Pour ma part, j'attends des baisses importantes de la dépense publique. Pas sous la forme de coupes comptables, douloureuses et aveugles, mais par une redéfinition du périmètre et de l'action de l'État. Pourquoi dépenser de l'argent public dans des domaines qui devraient relever du seul secteur privé ? Je préfère d'ailleurs utiliser le terme de rigueur à celui d'austérité. La rigueur exige que l'État se serre la ceinture, pas les Français qui savent déjà comment gérer un budget « en bon père des familles » !
Comment redonner confiance aux ménages et aux chefs d'entreprises ?
En leur enlevant les boulets qu'ils ont aux pieds. Les ménages et les entreprises sont des grands sportifs qui ont musclé leurs talents en supportant tous les fardeaux, les règlements, les ennuis que l'État fait peser sur nos épaules. Soulageons-les de cette surcharge inutile, ils se révèleront les plus performants au monde.
Pourquoi la fiscalité est-elle devenue la principale variable d'ajustement des politiques gouvernementales ?
Parce que c'est l'arme du lâche ! Le gouvernement imagine une nouvelle distribution d'argent public, souvent bricolée et clientéliste, et crée dans la foulée un impôt pour la financer. Dans la vie, cela ne marche pas ainsi. Quand un ménage envisage une nouvelle dépense, il calcule son budget en fonction de ses revenus, de son patrimoine. Il se dit qu'il va couper là, un peu ici, et qu'il va dégager une marge sur ses revenus actuels. L'État ne raisonne pas ainsi, il cède à la facilité dans une totale irresponsabilité.
Quels sont les atouts de l'économie française ?
Ses ingénieurs. La Silicon Valley est envahie d'ingénieurs français ! Pensons à l'emblématique Business Objects,  créé par des Français et devenu leader mondial dans son domaine. Nous avons tous les talents en ingénierie, l'aéronautique ne fait pas exception. Nombre de ces talents exilés pourraient revenir demain si notre environnement était enfin attractif, sans compter ceux qui, encore en France, piaffent d'impatience pour exploiter enfin leur potentiel. Un autre atout se trouve dans une immigration qui a un sens du travail et des échanges, et offre une ouverture sur le monde et ses marchés. Elle pourrait favoriser demain notre croissance si elle était libérée de réglementations étouffantes, des professions protégées, d'un code du travail incompréhensible, d'une fiscalité qui tue l'initiative. Troisième exemple, nous avons en France les leaders mondiaux du BTP et subissons pourtant une grave crise du logement. Mettez fin aux lourdes réglementations du secteur, à commencer par la loi Alur de Cécile Duflot, et libérez le foncier dans notre pays. Faites une vraie politique de l'offre non plus par des aides, des cadeaux, des niches fiscales mais par la simplification de la loi SRU. Toutes ces entreprises de BTP réinvestiront en France pour bénéficier de ce marché extraordinaire. Avec pour conséquence quasi immédiate la baisse du prix du logement et l'amélioration de la qualité de vie des Français. Le pays dispose de bien d'autres atouts largement inexploités.
Quelles solutions préconisez-vous en matière de lutte contre le chômage ?
La simplification du code du travail. Je me suis fait livrer le code du travail suisse. Il fait 130 pages et pèse 150 grammes. Le code du travail français, c'est 3.500 pages, et 1,5 kilo ! La Suisse a 3% de chômeurs, la France, 10%. Passons de 10% à 3% notre taux de chômage en réduisant ce code de 3500 pages à 150 pages. Pour zéro euro d'argent public ! Les entreprises doivent pouvoir négocier à leur niveau leur cadre de travail. Nous devons inverser la hiérarchie des normes. Le code du travail doit se cantonner à délimiter le cadre général élémentaire. Les branches peuvent éventuellement améliorer, modifier ces règles, mais c'est l'entreprise qui doit avoir le mot final pour fixer avec les partenaires sociaux locaux les conditions de travail. L'esprit de proximité doit dominer. C'est la mesure numéro 1.
La mesure numéro 2 consiste à décharger du coût du travail les charges sociales qui n'ont rien à y faire. Les charges familiales, par exemple, financent le RSA et les allocations familiales. Elles sont payées par les entreprises et les salariés à hauteur de 35 milliards d'euros. Ce n'est pas au travail de payer la politique familiale mais à l'État via l'impôt. Libre à lui ensuite de la réduire ou de repenser ce poste de dépense.
Troisième mesure, les professions protégées. Nous comptons environ 16.000 taxis à Paris, un peu plus qu'à New York. Les VTC, les fameux Uber et autres voitures jaunes qui complètent l'offre des taxis, ne sont que 2.500 aujourd'hui dans la capitale française. A New York, on en compte 50.000. Cela veut dire qu'il y a 47.500 emplois supplémentaires à New York pour un service nettement meilleur, et des taxis qui vivent tout aussi bien (le prix de la licence y est nettement supérieur au prix parisien). Laissons ces 47.500 emplois se créer à Paris en refusant les mesures absurdes de la loi Thevenoud qui veulent limiter le progrès technologique... et l'emploi.
Que pensez-vous du contrat d'avenir et du contrat de génération ?
C'est un joli voile posé sur une fracture intergénérationnelle. 

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